Carton plein pour Chagall à Landerneau

Plus de 160.000 visiteurs sont venus à Landerneau depuis le début de l'été pour découvrir l'exposition que le Fonds Hélène & Édouard Leclerc a consacré à l'oeuvre de Marc Chagall.

Un succès qui doit aussi beaucoup à son commissaire, Jean-Louis Prat, et à une équipe très dynamique !

Ah ah ! Je les entendais, mes amis "sachants", critiques d'art ou galeristes : on avait déjà tout vu de Chagall, pas moins de trois expositions de niveau national en 2015, et puis…c'est un artiste si convenu…

Seulement voilà, à force d'être blasé, on en avait oublié que jamais Chagall (tout comme Miro) n'avait bénéficié d'une grande rétrospective dans toute la moitié Ouest de la France.

On se croyait sorti des polémiques ou des remarques condescendantes sur l'œuvre "atypique et très personnelle" de cet artiste.

C'est d'ailleurs tout à l'honneur d'Harry Bellet (Le Monde du 5 octobre 2016) d'avoir souligné le décalage entre le discours critique et la perception par le public : "Il y a des gens, et c’est notre cas, qui ne comprennent rien à l’art en général, et à celui de Marc Chagall en particulier : les violonistes en lévitation, les amoureux sur leur petit nuage, les coqs rouges et les ânes vert pomme, très peu pour nous… Et pourtant !".

Toujours est-il qu'aux Capucins de Landerneau, les visiteurs ont rendu une belle ovation posthume à cet immense artiste.

162.000 visiteurs ont fait le déplacement en Finistère. Des touristes venus par milliers d'Allemagne, de Grande-Bretagne, de Belgique et des Pays-Bas, et bien sûr des Bretons, ceux du cru mais jusqu'à 10.000 Nantais et près de 15.000 Rennais. Si l'on se rappelle que Landerneau, 18.000 habitants, n'est pas vraiment une ville de destination, c'est quand même un sacré record !

Je dis record, bien que ce ne soit pas la bataille des chiffres qui soit en elle-même importante. C'est juste que c'est vraiment un succès mérité.

Et je dédie ce compliment, d'abord à Jean-Louis Prat, le commissaire d'exposition.

Jean-Louis a été avec Jacques Dupin, et Daniel Lelong, l'un des trois grands collaborateurs d'Aimé Maeght. Il a fréquenté Chagall pendant 15 ans. Il a mis dans cette exposition, tout son enthousiasme, son expertise. C'est lui qui a obtenu des héritières Chagall (Meret et Bella) le prêt d'une majorité des chefs d'œuvre exposés. Il a fait venir de Liège une toile majeure qualifiée de trésor national, et nous a ouvert les prêts du musée d'Etat russe de Saint-Pétersbourg.

Jean-Louis Prat avait pris le parti de traiter des rapports entre Chagall et les poètes de son époque. Au milieu des toiles, on a donc pu voir les œuvres colorées, magnifiques illustrant les Fables de La Fontaine…

Merci à toi Jean-Louis, merci pour cet immense cadeau !

Mais une telle exposition nécessitait une formidable organisation. Les administrateurs du Fonds, parmi lesquels ma mère Hélène, et quelques adhérents E.Leclerc mécènes, ont été bluffés par le dévouement et la mobilisation d'une vingtaine de trentenaires salariés du Fonds, en quasi exclusivité des jeunes femmes (pardon aux deux garçons...qui ne s'en plaignent pas !).

Outre les tâches d'organisation (logistique, assurance, communication…), elles se sont entièrement dévouées à la médiation, à l'accueil du public dont des milliers d'élèves venus de toute la Bretagne.

Grâce à cette équipe, Landerneau se fait un nom dans la culture.

Personnellement, j'ai trouvé que cette exposition mérite de figurer sur le podium des meilleures expositions présentées par le Fonds Leclerc à Landerneau. Quand je lis les commentaires sur le livre d'or, c'est aussi l'avis du public, désormais fidèle.

Il faut dire aussi que l'œuvre et la personnalité de Chagall en cet été 2016 résonnait comme fait exprès avec l'actualité sociale, européenne. C'est Jean-Louis Prat, encore une fois, qui le rappelle : " à l'heure où la question de l'immigration et des réfugiés ravive les expressions identitaires les plus violentes, Chagall incarne pacifiquement la compatibilité des deux sentiments : lui qui toute sa vie s'est revendiqué juif et russe sera le plus ouvert à une forme d'universalisme des valeurs et ce n'est évidemment pas un hasard qu'à ce titre il se sentit Français".