Dimanche, les portes des Capucins de Landerneau se sont ouvertes pour présenter au public une rétrospective impressionnante de l'œuvre de Hans Hartung.
C'est un beau défi que s'est fixé le Fonds Hélène et Edouard Leclerc pour la Culture à Landerneau, que de consacrer son exposition d'hiver à un peintre mal connu du grand public, mais dont l'œuvre témoigne d'une puissance créatrice et d'une maîtrise technique absolument remarquables.
Une exposition inédite dans l'Ouest français
J’avais une idée réductrice de l’œuvre de Hans Hartung. Puis un jour, en poussant la porte des superbes bâtiments de la Fondation Hartung-Bergman d'Antibes, et en pénétrant dans son atelier, j’ai été impressionné, et même déstabilisé, par son œuvre prolifique, par la richesse d’une vie toute entière consacrée à l’expérimentation et à la construction d’un nouveau langage pictural.
Depuis la Fondation Maeght en 2008, jamais cet artiste n’avait bénéficié d’une grande exposition en France magnifiant la diversité de sa production et à la hauteur de son influence. Situation somme toute identique à des artistes comme Miró, Dubuffet ou Giacometti, jamais exposés dans le Grand Ouest français... et qui justifiait que le FHEL y remédie durant ces quatre dernières années.
Je remercie vivement Bernard Derderian et Thomas Schlesser de nous avoir proposé le commissariat de Xavier Douroux. Il est pionnier des Centres d’art et créateur du Consortium à Dijon.
|
|
|
|
Hartung, une vie peu commune
Hans Hartung naît le 21 septembre 1904 à Leipzig. Il est, très jeune, fasciné par les éclairs d’orage, qu’il dessine dans ses cahiers.
Au début des années 1920, il fait ses premières œuvres abstraites. Elève à l'Ecole des Beaux-Arts de Dresde, il découvre l’impressionnisme, le fauvisme, le cubisme et le naïvisme à l’occasion de l’Exposition internationale de Dresde.
A la fin des années 1920, il multiplie les voyages et les séjours en France, en Espagne et en Italie. C'est à Paris qu'il rencontre Anna-Eva Bergman qu'il épousera immédiatement, avant d'en divorcer à la fin des années 1930, puis de refaire sa vie avec elle dans les années 1950.
Résidant à Paris au moment où la guerre éclate avec le IIIe Reich, il est – comme tous les Allemands présents en France à ce moment là – considéré comme "ressortissant de puissance ennemie". Il est alors incarcéré et, pour être libéré, signe son engagement dans la Légion étrangère. Il sera affecté quelques mois dans un service administratif de l'armée, avant de retrouver la liberté. Il s'installe alors chez des amis dans le Lot, puis vers Castelsarrasin.
Après l'invasion de la zone libre, il fuit en Espagne où il est incarcéré quelques mois. Il parvient à gagner le Maroc et s'engage de nouveau dans la Légion pour participer à la Libération de la France. Il y prend alors un «nom de guerre », Pierre Berton.
Engagé dans le combat pour la prise de Belfort, il est sérieusement blessé et devra subir deux amputations de la jambe droite, pour éviter la gangrène. Il est en convalescence au moment où l'Allemagne nazie capitule.
Il reprend la peinture, après six années extrêmement perturbées. Son travail attirera rapidement l'attention des galeristes et des critiques d'art et de nombreuses expositions vont commencer à être organisées autour de son travail en France et en Allemagne.
A partir des années 1950, Hartung va jouir d’une grande reconnaissance critique, et être abondamment commenté, analysé, glorifié, avec des œuvres pourtant difficiles à réduire à des mots. Son œuvre sera exposée dans le monde entier, de Paris à Venise, de New York à Leipzig.
Le 7 décembre, à l’âge de 85 ans, deux ans après Anna-Eva Bergman, Hans Hartung s'éteint à Antibes, après avoir réalisé, en cette ultime année de création, pas moins de 361 toiles.
|
|
L'abstraction lyrique
L'exposition s'intitule "Hartung et les peintres lyriques". Cela a pu questionner certains visiteurs, peu familiers d'un style qui fut porté par un artiste aujourd'hui un peu oublié, Georges Mathieu.
Cette appellation a longtemps servi à regrouper, de manière commode, une tendance de la peinture (après la Seconde Guerre mondiale) à se couper complètement de la figuration du monde pour se concentrer sur une gestualité libre, souvent énergique et instinctive.
Hartung en est un représentant important, et la palette des outils qu'il a utilisés illustre bien cette intention : pulvérisation et grattage; utilisation d’instruments invasifs comme des balais de branchage ou des rouleaux à lithographie, des lames ou des pistolets de carrossiers.
" C'est une peinture abstraite, où prime une facture très expressive —une mise en forme qui donne naissance à des formes amples et à des contrastes de couleurs puissants". Xavier Douroux, commissaire d'exposition
Au sein de ce courant, s'expriment des individualités qui forment ce courant, des techniques et des ambitions très hétérogènes, mais il est vrai qu’elles tendent toutes à une puissance d’affirmation directe de la couleur, de la ligne et de la matière.
Dans ce contexte, on appréciera le travail du scénographe de l'exposition, Eric Morin, qui a su valoriser une collection extraordinaire et foisonnante.
Hans Hartung est accueilli à Landerneau cet hiver, et jusqu'au 17 avril 2017 !
S'ABONNER AUX NOUVELLES DU FONDS
FHEL
POUR LA CULTURE
AUX CAPUCINS
29800 LANDERNEAU (FRANCE)
02 29 62 47 78